Pièce nº Rey17480304
Type | Lettre |
Identifiant | Rey17480304 |
Date de composition | 1748-03-04 |
Certitude sur la date | haute |
Date de réception | / |
Expéditeur | Luzac, Elie |
Destinataire | Rey, Marc Michel |
Lieu d'envoi | Leyde |
Lieu de réception | Amsterdam |
Adresse | oui |
Lieu de conservation | Amsterdam, UB, Bibliotheek der Vereeniging tot Bevordering van de Belangen des Boekhandels |
Cote | Bre 2-13 |
Cote (copie) | / |
Imprimé | / |
Edition | / |
Autographe | oui |
Signature | oui |
Renvois | Rey17480318 |
Incipit | Je ne sai pourquoi je ne fais que de recevoir |


Leÿden 4 Mars 1748
Monsieur,
Je ne sai pourquoi je ne fais que de recevoir dans le moment la votre du 281. Pour ÿ repondre je vous dirai, Monsieur, que ce
n’est pas pour vous faire quelques reproches au sujet de
L’Homme-Machine2
. Si
je j’en ai touché quelque chose dans ma précédentea
ce3
que vous m’y avez donné occasionb
et comme je suis naturellement c Hollandois je dis naturellement ce que je pense,
sans en garder rancune. Vous pouvez aussi toujours parler sur le même pié. La
franchise ne fait aucun tort aux différentes liaisons qu’on peut avoir ensemble.
Voici le fait. Des Personnes d’etude, et des personnes distïnguées ici m’ont d’abord
dit qu’un libraire d’Amsterdam avoit donné des informations à Monsieur
Bouiller contre Mr. de la
Mettrie. La lettre que ledit ecclésiastique a adressé à M. de Loches4
, et qui a été le premier motif de l’accusation
contre moi, disoit entre autres, qu’il étoit sur que Mr. de La
Mettrie étoit auteur de ce livre. J’en parlai à Monsieur
de la Mettrie qui se mocqua avec raison de cette sureté,
et me disoit que vous lui aviez écrit au sujet d’un manuscrit philosophique;
et que cela seul pouvoit être tout le fondement
de la sureté de Bouiller. Plusieurs personnes vous
nommèrent après cela; et l’advocat du grand-officier dit à mon procureur, que
Monsieur
Bouiller avoit ecrit, qu’il pourroit en cas de besoin
donner un témoignage authentique de Mr. d’un libraire
d’Amsterdam contre Mr. de la Mettrie. Je ne sai sur quoi
étoit fondé ce temoignage authentique; mais je defie Monsieur Bouiller
et tous les libraires d’Amsterdamd
d’oser le produire: Quoiqu’il en soit cette
assurance, bien toute mal
fondée qu’elle étoit m’a fait dans cette affaire un tort considérable. S’il ÿ a
quelque chose de vrai dans tout celae
, vous pouvez librement me l’ecrire. Je ne
vous en veux aucun mal. Un mot echape bien vite, surtout quand on ne soupçonne
pasf
le mauvais usage qu’en peut faire celui àg
qui onh
le dit. Au reste je vous remercie de la
part que vous ÿ avez pris en ma faveur. Vous l’avez de commun avec tous les honnêtes
Gens: et par bonheur l’animosité des théologiens n’a fait du tort qu’à ma
bourse.
Voici, Monsieur, un billet de mon marchand de papier, qui ne demande que f 2 par rame. Vous en pouvez faire usage. Cinq sous d’epargnés est autant de gain sur le total.
Si l’imprimeur, dont vous parlez, est celui qui vous a travaillé le 3e Tome du Controlleur du
Parnasse5
,
je vous dirai naturellement que cette
production ne repond pas du tout à l’eloge que vous lui donnez. Je ne veux cependant
pas prendre d’avantage qu’un autre: mais si cet c’est un homme franc, il vous dira ce
qu’il en doit donner à ses Ouvriers, et vous pourrez me l’ecrire, en me marquant en
même tems le nom de cet imprimeur. Ces gens ont souvent des apprentifs, qu’ils
font travailler ; et par là
i...ttent encore plus que ...j
ceux qui ne travaillent qu’aveck
des ouvriers faits. N’importe je m’accommode a tout
ce qui est raisonnable. Je vous remercie des avis au sujet des expéditions pour la
France ; et vous offrant la continuation de mes services, je suis sincerement /
Monsieur, / Votre très humble et très obéïssant serviteur
Monsieur / Monsieur M. M. Reÿ / Marchand Libraire / à / Amsterdam
Leyde le 4e Mars 1748 / Luzac junior / repondu le 18e Mars
Notes sur le manuscrit
a Ajouté au-dessus.
b Ajouté au-dessus.
c Ces hésitations et ajouts trahissent l’embarras ou l’exaspération de Luzac.
d Ajouté au-dessus.
e Ajouté au-dessus.
f Ajouté au-dessus.
g Ajouté au-dessus.
h Ajouté au-dessus mais l’équivoque est révélatrice.
i Manuscrit déchiré, début de mot illisible.
j Mot raturé
k Restitué d’après le contexte. Manuscrit déchiré.
Notes
1 Cette lettre de Rey est manquante, il s’agit de la réponse à la lettre de Luzac du 25 février.
2 Voir Rey17480225. Luzac reprochait à Rey d’avoir donné des informations sur La Mettrie au théologien Bouiller.
3 C’est que. Cette tournure est fréquente sous la plume de Luzac.
4 Jacques de Loches, chapelain de l’ambassadeur hollandais à Versailles en 1750, il sera pasteur de l’église wallone à Rotterdam en 1760.
5 Luzac avait demandé 4 Contrôleur le 7 février 1748).