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Pièce nº Rey17760430

Type Lettre
Identifiant Rey17760430
Date de composition 1776-04-30
Certitude sur la date haute
Date de réception /
Expéditeur Éon, Charles de Beaumont d’
Destinataire Rey, Marc Michel
Lieu d'envoi Londres
Lieu de réception Amsterdam
Adresse /
Lieu de conservation Tonnerre, Médiathèque Ernest Cœurderoy
Cote T51
Cote (copie) /
Imprimé /
Edition /
Autographe oui
Signature /
Renvois /
Incipit Extrait de la lettre du chev d’Eon à M. Rey imprimeur à Amsterdam
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Extrait de la lettre du chevalier d'Eon à M. Rey imprimeur à Amsterdam.

À Londres le 30 avril 1776.

Le commencement de la lettre  sur  contient une petite apologie sur mon silence1 ensuite mon travail, embarras2, écriture3 et maladie avant de parvenir au point d'arrangement où je suis avec la Cour4.

Ensuite il est dit ce qui suit

Le Memoire de tous les livres que vous m'avés fourni jusqu'à présente monte à la somme de f. 1.3635. Je suis prêt à vous envoyer une lettre de change sur Paris payable à 15 jours de vue aussi tôt que vous m'aurez repondu que vous acceptez les conditions suivantes

Savoir 1° pour le manuscrit in-folio de Poyet6 bien écrit et bien relié dont j'ai refusé 10 fois 25 guinées notament en 1773 de M.A. Boudet 7 imprimeur à Paris que vous connaissez, mais pour eviter l'ombre de chicanne avec vous et vous donner une preuve de ma façon de penser envers vous, je me contenterai de la somme que vous avés fixé vous même par votre lettre qui est de fl. Cy 1509.

[2] D'autre part f. 150

2° je … remis les œuvres meslés de Duvergier en 3 volumes in 4to avec le Recueil de chansonnettes et de vaudevilles galants en un volume in 8°10 ce qui fait quatre volumes le tout à 150.
3°le Recueil de chansons sous le regne de Louis XIV et la Regence du duc d'Orléans11 formant trois gros volume in 4to à 200
Total f. 500

Si vous acceptés mes propositions, je garderai pour mon compte les livres incomplets, ceux qui manquoient, ou qui étoient doubles dans le dernier envoi, ou plustôt je vous les enverrai encore, car ils me sont inutiles et doivent vous être necessaires pour completter d'autres envoys12.

Je vous enverrai une lettre de change de f. 863 qui feront la balance de notre compte et ensuite je vous prirai de m'envoyer tout ce qui me manque pour compléter mon Dictionnaire encyclopédique et autres livres dont j'aurai besoin.

Si le 27 février 1774 veille de votre depart de Londres vous étant chez moi13 n'eties pas convenu de vous charger de ces manuscrits pour notre profit commun je ne me serois jamais déterminé dans les circonstances où je me trouvois à prendre chez vous ni nul part une aussi grande quantité de livres que celle que vous m'avez envoyé14. Cela m'a couté encore

[3] couté encore beaucoup à relier et malgré que j'aye pris un des meilleurs relieurs de Londres, et malgré que M. de Vignole15 , avec un garçon libraire françois et moi ayons passés plusieurs jours à verifier les deux ballots avec votre liste, à mettre le tout dans le plus grand ordre et à tout écrire16, malgré tous ces soins, rien n'est plus exacte que la liste des livres imcomplets manquants et doubles que je vous ai envoyé par ma lettre du 7 avril 1775.

À present que les Ministres de France17 sont instruits de ce qui me concerne et qu'ils ont trouvé ma correspondance avec le feu Roi dépuis 22 ans18, et que les anciens Ministres19 ont des oreilles bien plates sur mon affaire je profite de cette occasion pour vous procurer à Paris le debouché libre des Loisirs20 desirant bien sincerement vous donner des preuves de l'amitié et de l'estime avec les quelles je suis pour toujours monsieur Votre.

Notes

1 D’après les lettres conservées, le chevalier d’Éon n’a pas écrit à Rey depuis le 5 juillet 1775, voir Rey17750705. Durant ce silence, Éon a de sérieux démêlés avec Beaumarchais, la relation entre les deux hommes s’étant considérablement détériorée. Éon, malade avait quitté Londres au début de l’année 1776 pour se réfugier chez son ami Lord Ferrers au château Staunton Harold.

2 Un procès opposait Éon à Theveneau de Morande, à la suite d’un article publié dans le Public Ledger de février 1776. Dans cet article, dont Beaumarchais et Morande avaient fourni l’argumentation, Éon apparaissait comme une espionne à la solde du roi de France.

3 En novembre 1775, à Londres, Beaumarchais aidé de Morande avait eu le dessein d’organiser des paris sur le sexe du chevalier d’Eon. Éon, ulcéré et trahi, avait attaqué Beaumarchais dans une série de lettres dont la « Première réponse à M. le chevalier d’Éon à M. Caron de Beaumarchais » parut le 7 janvier 1776. Dans sa réponse du 18 janvier 1776, Beaumarchais réfutait, point par point, les prétentions de « sa tendre et fidèle amie ». Éon avait répliqué dans une « seconde réponse… » le 30 janvier 1776 avant d’envoyer un véritable réquisitoire à Vergennes le 27 mai 1776. Cet écrit repris sous forme de lettre accompagnée de 8 autres pièces justificatives fera l’objet d’une petite publication de 66 pages qui possède des caractéristiques des publications de Marc Michel Rey: Pieces Relatives aux Démélees entre Mademoiselle d'Eon de Beaumont, Chevalier de l'ordre Roial et Militaire de saint Louis et Ministre Plénipotentiaire de France, etc. etc. etc. Et le Sieur Caron dit de Beaumarchais etc. etc. etc. (s.l.n., 1778, 8°).

4 Sur ce « point d’arrangement […] avec la Cour » c’est à dire les conditions négociées par Beaumarchais pour le retour en France de Éon, voir Rey17750705.

5 Il s’agit du solde de la longue commande de livres passée par Éon à Marc Michel Rey : pour le détail des titres, voir Rey17740508.

6 Rey édite cet ouvrage en 1776 avec une adresse londonienne sous le titre : Histoire du procès du chancelier Poyet, pour servir à celle du règne de François I,... Avec un chapitre préliminaire sur l'antiquité et la dignité de l'office de chancelier, et sur les vicissitudes qu'il a éprouvées. Par l'Historiographe sans gages et sans prétentions (Londres [Amsterdam], s.n. [Marc Michel Rey], 1776, 8°), voir Rey17740512 et Rey17741227. Nous n’avons pas pu localiser d’exemplaires de ce titre ayant les caractéristiques typographiques des ouvrages de Rey mais il existe une autre édition de ce texte la même année (Londres et Paris : chez tous les libraires, 1776, 8°) avec du matériel typographique de Jean-Edme Dufour et Philippe Roux à Maastricht.

7 Antoine Chrétien Boudet8 (1715-1781).

8 Antoine Chrétien Boudet, libraire parisien en contact avec Rey pour la vente des Loisirs. Voir Rey17731012a.

9 Le prix est proposé par Rey dans la lettre du 5 juillet 1775 (Rey17750705).

10 Ces manuscrits étaient proposés par Éon pour édition en échange d’une importante commande d’ouvrages ; voir Rey17740227 et Rey17740508.

11 Ce recueil était aussi un des manuscrits proposés par Éon, voir Rey17740227 et Rey17740508.

12 Éon avait envoyé un état des livres incomplets (Rey17750407a) reçus à la suite de sa commande d’ouvrages à Rey (Rey17740508).

13 En février 1774, Rey avait séjourné à Londres chez le libraire Peter Elmsley. Il avait rencontré le chevalier d’Éon à cette occasion (Rey17740227).

14 Voir Rey17740227 et Rey17740508.

15 Jean de Vignolles, secrétaire et homme de confiance du Chevalier d’Éon, voir Rey17710928b.

16 Les ouvrages voyageaient en feuilles souvent dans des tonneaux. Rey avait recommandé que le déballage des feuilles, qui devaient être pliées et assemblées selon l’ordre des cahiers puis reliées, s’effectue en présence d’un professionnel du livre (Rey17740512). Éon avait fait établir un état des ouvrages incomplets (Rey17750407a).

17 Charles Gravier de Vergennes, secrétaire d'État des Affaires étrangères, à qui Éon avait envoyé son réquisitoire contre Beaumarchais et Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas nommé par Louis XVI ministre d'État en 1774 jusqu'à sa mort en 1781.

18 Allusion à la restitution de la correspondance secrète entre Louis XV et le chevalier d’Éon, grâce à l’intervention de Beaumarchais. Voir Rey17750705.

19 Parmi les anciens ministres, on peut citer, Étienne-François de Choiseul-Beaupré-Stainville, comte puis duc de Choiseul, chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770. Éon lui dédicace ses Loisirs. Voir Rey17710928b. René-Nicolas-Charles-Augustin de Maupeou (1714-1792), chancelier de France (1768 – 1790) et garde des sceaux (1768-1774) de Louis XV, il avait succédé à Etienne François de Choiseul. Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis-Richelieu, duc d'Aiguillon (1720-1788) ministre des affaires étrangères de Louis XV. Voir Rey17730617a ; Rey17731216.

20 En décembre 1773, Rey avait fait les démarches pour obtenir la permission de vendre les Loisirs en France auprès de Sartine, directeur de la librairie (Rey17731216). Malheureusement, les Loisirs avaient été contrefaits à Lyon (Rey17741227 ; Rey17760413) et Rey ne vendait aucun exemplaire en France.