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Pièce nº Rey17720904

Type Lettre
Identifiant Rey17720904
Date de composition 1772-09-04
Certitude sur la date haute
Date de réception /
Expéditeur Rey, Marc Michel
Destinataire Éon, Charles de Beaumont d’
Lieu d'envoi Amsterdam
Lieu de réception Londres
Adresse oui
Lieu de conservation Tonnerre, Médiathèque Ernest Cœurderoy
Cote T18
Cote (copie) /
Imprimé /
Edition /
Autographe oui
Signature oui
Renvois /
Incipit J’ai reçeu, Monsieur, l’honneur de la votre du 26 août dernier
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4 7bre 1772

J'ay reçeu, Monsieur, l'honneur de la votre du 26 août dernier, et aujourd'huy le manuscrit des tomes 7. et 9. qui seront sous presse dans peu de jours1.

Indépendamment de cet ouvrage j'en ay un second en 10 tomes2, dont 9 sont terminés dépuis un an je n'attends que le 10me pour y mettre fin.

J'ay encore la réimpression du Journal des Scavans 3, du Mercure de France 4, et d'une 12ne d'autres ouvrages en un ou deux volumes5.

Tout cela me prend des fonds considerables me met a sec; je ne fait plus rien en France dépuis l'impôt qu'on c'est avisé d'y mettre sur les fabriques etrangeres6, nous vendons toûjours à credit jusqu'à la fin de l'année que je fournis mon compte et l'on commence à payer en fevrier ou mars de chaque année.

J'ay plus de charges, Monsieur, que vous ne pensés dans le cas de Mr De Vignoles 7, mon cœur est navré de voir tant de malheureux par les [2] suites des mauvais gouvernements et de la mauvaise education.

Je mande à Monsieur De Vignolles que tout ce que je puis faire est d'accepter une lettre de change de 1.200 livres pour les tomes 9 à 12 pour le  mois 1er a de fevrier 1773.

Je ferai partir par le premier vaisseau à l'adresse que vous me donnés, Monsieur, les tomes 1. 2. 3. 4. 6. et la moitié du tome 5.8 mais pour la copie qui ma servi, elle ne doit pas sortir de mes mains.

Comment voudriés vous que je me justifie si malheureusement vous trouviés quelque chose à redire à cet ouvrage ?

Je me bornerai, Monsieur, aux 12 volumes pour le present9, cet entreprise achevée on pourra y revenir par la suite.

[3] Je vous souhaite, Monsieur, toute sorte de contentement à la campagne10 et j'ay l'honneur d'etre bien véritablement / Monsieur / Votre très humble et très obeïssant serviteur / Rey

le 4 sept. 1772

[4] to the Chevalier d'Eon / at Mr. Joseph Lautem / in Brower Street Golden11 / Square /à Londres

Notes sur le manuscrit

a Ajouté au-dessus de la ligne.

Notes

1 Cette lettre répond à la lettre du 26 août 1772 (Rey17720826a)dans laquelle Éon annonçait à Rey l’envoi des manuscrits des tomes 7 et 9 des Loisirs.

2 Il s'agit des Campagnes des maréchaux de France: Campagne de messieurs les maréchaux De Broglie et De Bel le-Isle, en Boheme et en Baviere. L'an M.DCC.XLI (Amsterdam, M.M. Rey, 1772-1773, 12°, 8 vol.); Campagne de monsieur le maréchal De Maillebois, en Westphalie. L'an M.DCC. XLI, & II (Amsterdam, M.M. Rey, 1772, 12°, 2 vol.).

3 Depuis 1749, Rey publie le Journal des Savants augmenté de divers articles qui ne se trouvent pas dans l'édition de Paris (septembre 1749-1753), ajoutant au texte du journal parisien la liste des livres nouveaux ou reçus, des « Additions de l'Éditeur de Hollande » (publication de lettres, comptes rendus, nouvelles littéraires, tribunes polémiques…) et des extraits des Mémoires pour l'Histoire des sciences et des beaux-arts, plus connus sous le titre de Mémoires de Trévoux, du nom de leur premier lieu de publication. En 1754, le titre Journal des savants, combiné avec les Mémoires de Trévoux (1754-1763) officialise en quelque sorte les emprunts effectués; on y trouve également des extraits du Mercure de France.

4 Rey propose de janvier 1770 à mars 1780, une contrefaçon du Mercure de France « dédié aux oisifs » (en place de : « dédié au Roi»). Par une société de gens de lettres. D’abord mensuel puis proposé en 16 livraisons, chaque volume comporte à la fin des « des additions interessantes de l’éditeur de Hollande ». Voir Dictionnaire des journaux, art. de F. Moureau, s.v. ; et l’une des présentations dans le Journal des Sçavans de Hollande, août 1773, p. 2.

5 Pour les années 1772-1773, Rey publie entre autres, Jean Le Rond d’Alembert, Melanges de littérature, d'histoire et de philosophie (Amsterdam, Johann Caspar Arkstee, Henricus Merkus, Marc Michel Rey, 1772, 12°, 4 t. ) ; François-Jean de Chastellux, De la félicité publique, ou Considérations sur le sort des hommes dans les différentes époques [...] (Amsterdam, Marc Michel Rey, 1772, 8°, 2 t. ) ; [Jakob Heinrich Meister], Logique à mon usage, ouvrage traduit du chinois (Amsterdam, Marc Michel Rey, 1772, 8°) ; Pline l'Ancien, Traduction du XXXIV, XXXV et XXXVIe livres de Pline l'Ancien. [...] contient des Reflexions sur la sculpture par Falconet (Amsterdam, Marc Michel Rey, 1772 , 8°). Wysgeerige Beschryvinge van den eigen aart en inborst van Wylen den Heere F. Fagel. Uit het [...] (Amsterdam, Marc Michel Rey, 1773, 8°) ; traduction hollandaise de l’ouvrage, Description philosophique du caractere de feu Mr. F. Fagel [Amsterdam, Marc Michel Rey,] 1773, 8°. À ces publications, il faut ajouter les ouvrages de Paul Henri Dietrich Holbach publiés avec une fausse adresse : Le bon-sens ou idées naturelles opposées aux idées surnaturelles (Londres, [Marc Michel Rey], 1772 , 8°) ; La politique naturelle ou discours sur les vrais principes du gouvernement par un ancien magistrat (Londres, [Marc Michel Rey], 1773, 8°, 2 t.) ; Système social ou principes naturels de la morale et de la politique. Avec un examen [...] (Londres, [Marc Michel Rey], 1773, 8°, 3 t.).

6 En 1771, les mesures prises par l’abbé Terray (1715-1778), ministre des finances de Louis XV portent un coup sensible aux éditeurs français en imposant le papier d'impression de 20 sous par rame (en mars), puis de 30 sous (en août). Cette mesure augmente de 9 livres le prix de revient du quintal de papier et renforce la position des éditeurs étrangers, car le papier exporté n’est pas soumis à l'impôt. Pour rétablir l'équilibre, Terray taxe les livres importés dans le royaume. Mais cet impôt, fixé à 60 livres par quintal en septembre 1771, et porté à 78 livres par une surtaxe de 6 sous par livre, menace d'anéantir tout commerce avec l'étranger et surtout le commerce d'échange. Chaque affaire en faillite entraîne avec elle la ruine d'un ou de plusieurs des principaux créanciers, dont les propres faillites en entraînent encore d'autres. Lésés, les libraires de province se révoltent et appuyés par quelques Parisiens également dépourvus de leurs débouchés étrangers, ils réussissent à faire réduire l'impôt à 28 livres (20 livres par quintal, plus une surtaxe de 8 sous par livre) en novembre 1771 et à 9 livres 2 sous (surtaxe comprise) en octobre 1773, puis à le faire abolir en 1775. Mais l'impôt sur le papier persiste, entraînant toujours un déséquilibre économique. Dans les grands règlements d'août 1777 (connus surtout pour leurs mesures relatives au droit d'auteur), le gouvernement tâche de résoudre cette difficulté par une déclaration de guerre aux contrefaçons produits essentiellement à l’étranger. Voir à ce sujet, R. Darnton Bohème littéraire et révolution : le monde des livres au XVIIIe siècle (Paris, Gallimard, 2010) et Alix Chevallier, « La Matière première : le papier » dans Histoire de l’édition française, t.2, Le Livre triomphant, 1660-1830 (Paris, Fayard, 1990, p. 35-45). En janvier 1774 (Rey17740104), Pierre Rousseau écrit à Rey « l’impot qui a été mis sur les livres étrangers a coupé tout à coup, tout le commerce de France ».

7 Référence à la situation familiale et financière de J. de Vignoles évoquée dans la lettre du 26 août 1772 (Rey17720826).

8 Rey envoie les épreuves des six premiers volumes pour relecture et correction comme l’a demandé Éon dans sa lettre du 26 août 1772 (Rey17720826).

9 Dans la lettre du 26 août 1772, Éon proposait de poursuivre son propos et de donner 15 volumes aux Loisirs.

10 Éon se rend, comme il l’indique dans la lettre du 26 août 1772 au château de Staunton Harold Hall dans le Leicestershire, résidence du comte Ferrers.

11 Éon habite au 38 Brewer Street (actuellement à Soho) à Londres chez Joseph Lautem, marchand de vin qui lui loue son logement pour la somme d’une guinée par semaine (Papiers de la chevalière d'Éon, classés par elle-même, Arsenal, Ms-9039, XIV).